Source: Drogues News
26 mars 2010
Pour une association faisant la promotion des plantes vertes, s’adresser au Crédit agricole parait logique. C’est sûrement ce qu’ont dû se dire les responsables de Cannabis sans frontières en s’adressant à l’agence Crédit agricole de Ledru-Rollin, dans le XIe arrondissement de Paris.
Il s’agissait simplement, pour le collectif, qui combat entre autres contre la prohibition des drogues, d’ouvrir un compte en banque au nom de l’association « Les amis de Cannabis sans frontières », déposée en préfecture, pour recueillir des dons et des cotisations. Seulement voilà, le « Crédit patate » ne l’entendait pas de cette oreille, explique l’association dans un communiqué:
« Afin de faciliter les transactions futures, le Crédit Agricole nous demanda poliment de raccourcir l’intitulé, ce qui permettait un certain anonymat : « Les Amis de CSF ». Nous avons obtempéré pour faire preuve de pragmatisme : garantir plus de discrétion sur les relevés bancaires de nos généreux donateurs ! »
Dans un deuxième temps, la banque déclare que c’est l’objet même de l’association qui lui posait en fait problème. Et refuse d’ouvrir le compte, l’agence se retranchant derrière une décision qui viendrait du siège. Contacté par les Inrocks, le service communication du Crédit Agricole d’Ile-de-France se retranche derrière une forme de secret bancaire:
« Les banques n’ont pas obligation d’ouvrir un compte. En cas de refus, les banques n’ont pas obligation de motiver leur décision. »
Circulez, y’a rien à fumer. Pour Cannabis sans frontières:
« Il paraît beaucoup plus simple aux établissements bancaires de se développer au travers de comptes et succursales situés dans des paradis fiscaux et/ou judiciaires, favorisant le blanchiment d’argent issu de tous les trafics, plutôt que de permettre et accompagner des actions citoyennes issues de la vitalité démocratique. »
Après avoir précisé que le Crédit Agricole « pourrait au contraire devenir l’un des bénéficiaires de l’essor de l’industrie chanvrière dans le cadre du plan de relance économique, de la lutte contre les dérèglements climatiques et de celle contre l’appauvrissement de la biodiversité », le collectif appel au boycott de la banque et s’est finalement adressé à un établissement coopératif. Qui a, lui, accepté de lui ouvrir un compte.