Source: JIM.FR
31 août 2010
Par: Aurélie Haroche
En s’opposant fermement à la création de
salles d’injection à moindre risque dédiées aux toxicomanes, Matignon
n’est cependant pas parvenu à mettre totalement fin à cette polémique
née au début de l’été. En effet, tandis que continue à s’exprimer la
déception des partisans d’un tel dispositif, ses opposants se dévoilent
progressivement. C’est ainsi qu’hier, le président de la Mission
interministérielle de lutte contre les drogues et les toxicomanies,
Etienne Apaire s’est révélé plus que réticent à l’idée de voir
s’implanter en France des « salles de shoot ».
Et pourquoi pas plutôt de l’héroïne contrôlée
Au-delà de ces passions, le président de l’Académie nationale de
pharmacie, François Chast a récemment souhaité faire part de sa
position, qui en se concentrant sur la question de l’amélioration de la
prise en charge des toxicomanes, se révèle très éloignée des débats
récurrents. En effet, François Chast a signé il y a une dizaine de jours
une tribune dans le Figaro où plutôt que de s’intéresser précisément aux
salles d’injection à moindre risque, il évoque la prescription
d’héroïne. « Si l’héroïne mise à la disposition des soignants pour être
injectée aux toxicomanes avait un statut de médicament de substitution,
si ce produit devenait « pharmaceutique », si l’illicite devenait
thérapeutique, on entrerait alors dans une démarche de soins », écrit
François Chast.
Aller jusqu’au bout
Ce point de vue du président de l’Académie nationale de pharmacie
pourrait apparaître étonnant. Cependant, l’institution avait déjà remis
au début de l’année 2009 un rapport indiquant que l’Académie nationale
de pharmacie observait avec attention les expérimentations de
prescription d’héroïne se déroulant dans certains de nos pays voisins
dont la Suisse. Cette approche de François Chast a par ailleurs comme
intérêt majeur d’interroger sur cette étrange différence entre salles
d’injection à moindre risque et prescription d’héroïne pharmaceutique.
Dès lors que sont proposés des locaux propres, des seringues à usage
unique et un environnement sécurisé, pourquoi ne pas conduire la logique à son terme en offrant des produits contrôlés ? Cette question qui a été peu abordée au cœur du débat politique et médiatique de ces dernières semaines semble pourtant une donnée essentielle.
Aurélie Haroche
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