Afin de relancer le débat sur la légalisation du cannabis, l’association Chanvre et Libertés appelle les candidats aux élections européennes à signer un manifeste. Ce dernier propose une politique des drogues saines et sûres au sein de l’Union Européenne pour stopper sa prohibition.
« Les consommateurs ne veulent plus se cacher », lance Kenzi Riboulet, membre de Chanvre et Libertés. L’association, qui souhaite relancer le débat sur la légalisation du cannabis, compte faire entendre sa voix au Parlement européen dans le cadre des élections européennes du 25 mai prochain. « Nous sommes issus d’une fusion entre plusieurs associations qui militent pour la légalisation du cannabis, dont Chanvre et Violette qui est toulousaine », explique Kenzi Riboulet. Ces « fumeurs de joints » s’appuient sur le « Rapport Catania » qui appelle à « une révision totale de la vision du contrôle des drogues sur le territoire de l’Union Européenne ainsi que la mise en place de politiques sûres et saines des drogues ». Le Manifeste européen de l’ENCOD est un résumé constitué de 10 recommandations votées en 2004 par le Parlement européen. Il prévoit notamment « une initiative européenne de prévention […] en vue de réduire les dommages et mettre en œuvre une stratégie anti-prohibitionniste ».
« Il n’a jamais été pris en compte par la Commission européenne pour définir sa stratégie de lutte contre les toxicomanies, et s’est perdu au fond des tiroirs », déplore Chanvre et Libertés. C’est pourquoi l’association appelle les candidats aux Européennes à le signer. « Quarante-cinq d’entre eux l’ont d’ailleurs déjà fait, dont six Français (Eric Andrieu, Sylvie Guillaume, Isabelle Thomas, Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy, Julien Bayou et Farid Ghehioueche), et se sont engagés à ce que ce texte soit revoté », informe l’association. « On veut que le Parlement européen réaffirme cette volonté de sortir de la prohibition ».
« Notre politique sur la drogue est dépassée »
Bien que le cannabis soit prohibé en France depuis 1970, les Français sont les deuxièmes plus gros consommateurs d’Europe après la République Tchèque. Sa législation est pourtant l’une des plus répressives d’Europe en ce qui concerne cette drogue « douce ». « Notre politique sur la drogue est dépassée, aveugle, et n’a pas évolué depuis 40 ans », constate Kenzi Riboulet qui affirme que sa « légalisation ferait baisser la criminalité ». Le cannabis est pourtant prohibé sur le territoire et interdit par le code de santé publique. Bien que cette plante ait longtemps été considérée comme « diabolique », les effets thérapeutiques sont « avérés et scientifiquement prouvés ». Elle peut être utilisée pour de nombreuses maladies, notamment « les maladies neurologiques, ou encore pour les patients atteints de cancer ». « Une régulation légale pourrait générer des bénéfices en termes de santé et de sécurité publique, d’environnement, d’économie saine, de démocratie et de droits humains », termine le militant.