De: La Liaison Antiprohibitionniste
Le 25 janvier 2010 nous avons appris, par communiqué de presse, que pour la première fois dans l’histoire de la Belgique, les ministres et secrétaires d’État compétents de toutes les autorités du royaume ont signé une déclaration commune au sujet de la politique en matière de drogues. Un événement qui devrait permettre, à notre pays, d’entreprendre une politique drogue commune fondée sur quatre piliers : la prévention, la détection et l’intervention précoce, l’assistance y compris la réduction des risques, la répression. Bref une veille histoire réactualisée au parfum du jour.
L’annonce est celle d’une grande première, presque sous entendu une révolution, dans le paysage belge des politiques en matières de drogues. Sur le fond du discours, rien de neuf pourtant, la déclaration entérine les principes contenus dans la note gouvernementale de 2001 intitulée : « une politique globale et intégrée en matière de drogues ». Nous devons nous en contenter. Il faut y voir une approche conjointe de la politique des drogues en Belgique, suggère le communiqué officiel du gouvernement. L’événement serait donc cette capacité historique, qu’ont eu les représentants des différents gouvernements, à signer un accord sur une politique globale en matière de drogues décidée il y a près de dix ans. Une avancée à la Pyrrhus.
Concrètement et dans l’immédiat pour 2010, on nous annonce d’une part la mise en place de la Cellule Générale de Politique Drogues et de ses 3 groupes de travail – cellule Contrôle, cellule Coopération Internationale et Cellule Politique de Santé (qui était la seule à fonctionner jusqu’à présent) et d’autre part le pilotage de la thématique des drogues dans le cadre de la présidence belge de l’Union européenne. « Wait and see ! » Sachant que la cellule Générale doit rendre des comptes de manière annuelle au parlement, nous ne manquerons pas d’y être attentif.
Cette déclaration ne nous apprend rien de plus, hormis qu’elle vise à uniformiser les pratiques entre le nord et le sud du pays quant aux moyens à mettre en œuvre pour l’exécution de la politique fédérale drogues. Elle ne fait évidemment pas référence au test de qualité des produits (par exemple) qui selon, les coordinateurs de la Cellule Générale de Politique en matière de drogues, Brice de Ruyver et Claire Rémy font l’objet de prises de position différentes entre les ministres de la santé de la Communauté française et de la Communauté Flamande.
Cet accord nous confirme qu’il est délicat, en Belgique, d’avoir un débat sur une politique de drogues globale et intégrée au vue des impasses du prohibitionnisme au premier rang desquelles figure déjà la ligne de démarcation entre ce qui est licite et ce qui reste illicite. Bref c’est une montagne qui a accouché d’une souris : une espèce de gros mammouth au ventre mou à force de consensus creux sur base d’un fondement que nous savons scabreux. Rien de neuf sous le soleil belge : un vrai statut quo des politiques en la matière.