Source AFP
05/11/2015
Le Smart devient le premier club à pouvoir cultiver du cannabis, projet non lucratif et uniquement destiné à la consommation personnelle.
La Cour suprême du Mexique a autorisé mercredi le premier club de culture de cannabis du pays, lancé par quatre citoyens voulant ouvrir le débat sur la légalisation des drogues douces, moyen, selon eux, de couper l’herbe sous le pied des cartels. Quatre juges de la Cour ont voté pour et un seul contre ce projet, unique dans le pays.
Ouvrir un débat
Le club baptisé Société mexicaine de consommation personnelle responsable et tolérante (Smart) a été créé par deux avocats, un comptable et un militant dans le secteur social. Ils deviennent ainsi les premiers Mexicains à pouvoir cultiver du cannabis, projet non lucratif et uniquement destiné à la consommation personnelle. Cependant, aucun des membres du groupe ne fume cette drogue. « Je n’ai jamais fumé de cannabis et je ne le ferai jamais », a affirmé Francisco Torres Landa, 50 ans, l’un des avocats à l’origine de la requête. L’objectif du « Smart » est surtout de faire jurisprudence et d’obliger le Parlement à ouvrir un débat sur la légalisation des drogues douces afin de contrer les cartels de la drogue, selon les quatre citoyens. Le « Smart » avait déjà saisi la Cour suprême en 2013, après un rejet d’une demande similaire formulée auprès de la Commission fédérale contre les risques sanitaires.
Méthode « brutale »
Le président du Mexique Enrique Peña Nieto, qui rejette toute légalisation des stupéfiants, a réagi devant la presse en estimant que cette décision « ne signifiait pas » que la consommation et le commerce du cannabis étaient désormais libres et légaux. « Les effets de cette décision » ne se feront sentir que pour les membres de « Smart », a insisté le chef de l’État. Enrique Peña Nieto continue de mener une guerre frontale contre les cartels de la drogue, qui a fait plus de 80 000 morts et 25 000 disparus depuis 2006. C’est une méthode « brutale » et « la stratégie n’empêche même pas les consommateurs de se fournir », assure Armando Santacruz, comptable de 54 ans, un des membres du « Smart ». « Nous avons réalisé qu’il n’y aurait pas de vrais résultats si nous n’agissions pas directement », ajoute-t-il.
Cris de joie
La décision de la Cour suprême a été saluée par des dizaines de personnes rassemblées devant l’institution dans le centre de Mexico par des cris de joie, au rythme de musique reggae et dans la fumée de cannabis. Andrés Aguinaco, avocat aguerri qui fait également partie du projet, avait remporté le 8 septembre une première victoire en obtenant que Graciela, petite fille de huit ans qui subit quotidiennement 400 crises d’épilepsie, devienne la première consommatrice légale de cannabis. Sur cette question, le Mexique reste en retrait par rapport à d’autres pays du continent. L’Uruguay et plusieurs États américains ont légalisé le cannabis, tandis que le Chili débat actuellement d’une loi qui dépénaliserait sa consommation à des fins médicinales et récréatives