Par Bushka Bryndova
31 mars 2011.
Ce qui suit est l’histoire d’un journaliste marocain qui a déjà été emprisonné pendant deux ans, pour avoir dénoncé la corruption qui accompagne le trafic du haschisch. Bien que le gouvernement marocain soit officiellement contre le trafic de drogues, les autorités locales corrompues dans le Rif, où la contrebande a lieu précisément, prétendent et ne font que semblant. Et à ceux qui osent s’opposer à eux, on leur donne une sale leçon.
Chakib Al-Khayari est un journaliste marocain, activiste pour la reconnaissance de la minorité berbère Amazigh des montagnes du Rif. Pendant de nombreuses années, il demandait la légalisation du cannabis traditionnellement cultivé dans la région, pour qu’il puisse être utilisé à produire des médicaments et à des fins industrielles comme le chanvre industriel. Il est également connu par son rejet d’utilisation du cannabis pour la production de haschisch dont le trafic est à la base de la corruption des fonctionnaires locaux et contribue à aggraver la pauvreté et le déclin de sa région natale.
En février 2009 Chakib a été arrêté pour avoir crié trop fort afin de mettre en garde le public général contre la corruption des responsables marocains et des agents de police dans sa région qui étaient responsables de la lutte contre la drogue. La police et les tribunaux ont dans son cas agi tout à fait contrairement à la loi marocaine – et les gros légumes locaux se sont fait un plaisir à punir Chakib afin de décourager tous autres zélés qui oseraient gâcher leurs petits combines.
Avec l’arrivée du mois de mai, le mois d’amour, Chakib a été condamné sur des preuves fabriquées à trois ans de prison sans sursis et une amende de € 68 000 pour avoir insulté les autorités et fait des transactions de devises non autorisées en valeur de 225 euros. Son avocat à l’arrivée dans la salle d’audience ne savais même pas, de ce qui a été accusé son client, de la sorte que la défense n’a pas pu préparer correctement, d’inviter les témoins nécessaires, etc. C‘était une farce, pas un procès équitable.
Même une peine dure de prison n’a pas pu satisfaire les ennemis de Chakib, chicané tout au long de sa peine de prison. Après un certain temps, il fut délibérément déplacé dans une autre prison loin de sa maison, pour que ses parents âgés ne pourraient plus le visiter régulièrement. Ils ont eu leur vengeance sur son courage, mais ils n’ont pas réussi à le briser. Chakib a perdu confiance dans le système judiciaire corrompu qui fait le jeu des chefs locaux et gendarmes corrompus. Il n’abandonne pas sa lutte, mais il refuse de passer aux aveux sur des crimes qu’il n’ait aucunement commis. Pourtant, c’est exactement la chose, qu’il serait obligé de faire pour obtenir la grâce royale et c’est exactement la même chose, que son intégrité morale ne lui permet pas de faire.
Les gens au monde entier, qui soutiennent Chakib, à présent demandent au Roi Mohammed VI. sa libération et la révision de son procès inéquitable. Le Roi du Maroc a reçu ces derniers mois un certain nombre de demandes en ce sens de partout dans le monde, non seulement des individus et organisations à la réputation internationale, mais aussi des activistes en provenance du Maroc et organisations locales pour la défense des droits de l’homme.
Habituellement de telles applications ne sont pas trop prises en compte, mais cette fois il semble que l’appel à la justice était entendue, car les ambassades marocaines en Europe (l’ambassade de Prague a été également informée) ont de manière tout à fait inhabituelle dans ce genre de démarches répondu chaleureusement à ces lettres au roi et elles semblent même être prêtes aider à régler l’injustice dans cette question.
L’explication semble évidente en raison de la tempête qui a balayé dans les dernières semaines le monde arabe. Le Roi du Maroc Mohammed VI. accéda au trône en 1999 et depuis, lentement mais sûrement a modernisé son pays. Il a introduit de nombreuses réformes, autorisé l’existence de partis politiques et a cultivé la scène politique marocaine en attendant que son royaume soit devenu mûr pour l’introduction de la démocratie et des élections libres. Ce n’était pas un chemin facile, il se heurtait à la tradition de gouverneurs et chefs tribaux narquois, mais à la différence de la grande majorité des autres dirigeants arabes le Roi Mohammed VI. est vénéré par son peuple qui lui procure le soutien politique nécessaire pour la réussite et le bon accomplissement de ses réformes. Le Maroc, qui n’a ni de pétrole ni de gaz naturel ou d’autres richesses souterraines et est exceptionnellement pauvre pour un pays arabe, c’est très modernisé et développé économiquement dans la dernière décennie.
Le Maroc ne possède pas d’or noir comme d’autres pays arabes, mais son monarque est un descendant en ligne directe du Prophète Mohammed, ce qui lui procure pas seulement un énorme prestige dans le monde de l’islam sunnite, mais il peut s’avérer plus précieux que tout l’or du monde réuni. Autant que son homonyme célèbre le Roi du Maroc est un réformateur sage et à grand succès et il n’est pas étonnant que déjà depuis son couronnement le monde arabe le considère d’être un souverain éclairé.
Et il semblerait qu’il y ait une très bonne raison à cela ! Plus tôt ce mois de mars, Le Roi du Maroc a stupéfait sa nation et le monde arabe par un acte sans précédent. Dans un discours officiel il a annoncé qu’il allait considérablement accélérer les réformes prévues et laissera de développer une nouvelle constitution et de la soumettre au référendum populaire. Il a promis de transmettre une partie de ses pouvoirs aux représentants élus du peuple, de renforcer à la fois les libertés individuelles et collectives, faire le pouvoir judiciaire indépendant, de sorte que les torts, comme ceux vécus par Chakib, n’aurait pas plus se produire dans l’avenir.
Le Monarque a demandé le peuple Marocain de construire la société civile et a aux femmes de se présenter comme candidates aux élections dans les gouvernements régionaux. Il a démuni de pouvoir des dirigeants locaux et ils seront remplacés par des organes autonomes élus, les ennemis de Chakib vont donc passer du mauvais temps. Le Roi a également décidé sur une décentralisation approfondie des pouvoirs vers les régions et la promotion de l’éducation et le développement économique des régions sous-développées, telles que le Rif de Chakib. Mais le mieux de tout est que le Roi a officiellement reconnu l’élément Amazigh d’être partie intégrale du patrimoine national – et c’est justement ça pour qui Chakib a lutté toute sa vie.
Le Roi marocain éclairé a fait une très sage décision – lorsqu‘il avait vu sur l’horizon arabe l’orage qui approchait, il a appuyé sur le pédale et mis la gomme pour en échapper. Au Maroc, aussi bien que dans d’autres pays arabes, il y a eu des manifestations cette semaine – mais avec la différence que le sang ne coulait pas dans les rues et les gens applaudissaient et saluaient leur roi.
Si j’étais une conseillère du Roi, je lui aurais recommandé de faire encore une autre décision sage de plus – libérer Chakib Al Khayari ! Ce seront en effet, de tels gens courageux et moralement purs comme lui, qui seront indispensables dans le Rif des Amazigh pour en faire une région prospère en accord avec les souhaits du roi. Et le rêve de Chakib, où à partir du cannabis local l’on produirait des médicaments au lieu de haschisch, peut bientôt commencer à se réaliser, parce que le Maroc a une grande chance d’obtenir la permission de se développer à de telles fins. Le retard industriel de la région de Rif deviendrait alors son avantage lucratif, parce qu’une telle combinaison de sol non pollué et du climat propice à la culture du cannabis médical se trouvent rarement. Les villageois de Rif s’y connaissent dans la culture du cannabis et si jamais ils ne savaient pas comment en fabriquer des médicaments, moi et des autres nous ferons plaisir à contribuer avec notre savoir-faire pour les aider. Et le Maroc ne serait plus connu comme exportateur de cannabis illégal, mais gagnerait un prestige international par ses médicaments fait à partir de cette plante – et deviendrait un pays prospère et riche.
Chakib Al Khayari, Berbère d’origine des montagnes du Rif, région connue pour son manque de développement industriel et par l’excellente qualité du cannabis local. La tradition de la culture de cette plante remonte à l’antiquité, avant l’arrivée des Arabes et l’Islam en Afrique du Nord. Les Berbères et le chanvre sont inséparablement unis par des liens de longue date et Chakib ressentait que le cannabis cultivé dans le Rif soit utilisé pour en faire du haschisch à passer en contrebande en Europe, parce que pour cette raison le Maroc est souvent perçu dans le monde avec mépris.
Le trafic de haschisch estimé de l’ordre de mille tonnes par an ne profite qu’à un petit groupe de dirigeants locaux et fonctionnaires de l’État qui reçoivent des pots-de contrebandiers, mais des gens ordinaires dans le Rif n’y gagnent pas grande chose. Leur existence dans la région oubliée, sans industrie et infrastructures de transport, n’a jamais été facile, parce que même s’ils cultivent le cannabis pour la production de haschisch, ils ne deviennent pas riches sur la contrebande – au contraire, le commerce clandestin les affecte sérieusement par la présence des éléments illégaux, l’expansion de drogues dures dans leurs communautés rurales et à cause de la répression policière brutale sous la forme des raids sur leurs champs, où des policiers corrompus font beaucoup plus de zèle que lorsqu’ils ont à s’attaquer aux contrebandiers. D’autre part, la déforestation pour faire place aux nouvelles plantations de cannabis cause dégradation du sol et une perte de biodiversité.
En septembre 2008, Chakib a apparu dans un documentaire français ainsi que le maire d’une petite ville voisine dans le Rif. Ils ont montré aux journalistes où ont été amarrés les bateaux de contrebandiers sur la côte marocaine et puis s’en allèrent ensemble à la préfecture de gendarmerie régionale pour alerter les autorités. Les gendarmes les ont accompagné, mais une fois qu’ils étaient arrivés à la vue des contrebandiers, les gendarmes ont commencé à réclamer que leur bateau était trop neuf et qu’ils ne pouvaient aller plus loin. Puis ils ont dit qu’il y avait trop peu d’eau et ils avaient peur d’endommager leurs précieux bateau de service et, éventuellement, les gendarmes n’ont plus rien dit, mais ils ont carrément tourné le bateaux et sont rentrés chez eux sans prendre action quelconque contre les trafiquants.
Un mois avant son arrestation, Chakib Al-Khayari a donné une interview diffusée à la Radio Netherlands Worldwide en arabe, où il a qualifié les arrestations de présumés trafiquants de drogue, à l’époque célébrées avec une grande pompe, n’étaient qu’une fraude spectaculaire et a déclaré que les contrebandiers réel dominaient toute la région et leurs longs doigts s’étendaient jusqu’au gouvernement. Il a même nommé le wali d’un village de Rif, qui se vantait d’y avoir les mêmes pouvoirs que le roi Mohamed VI. dans sa capitale Rabat.
Discours de SM le Roi Mohamed VI. en intégralité:
[
Version française –->http://www.maec.gov.ma/documents/discours09032011fr.pdf]