Source: Le Monde
14 janvier 2011
Le ministre bolivien des Affaires étrangères fera la semaine prochaine une tournée dans plusieurs pays européens, dont la France, pour plaider en faveur de la dépénalisation de la feuille de coca, une question que l’ONU est en train d’examiner, a annoncé le chef de l’Etat.
Le chef de la diplomatie, David Choquehuanca, se rendra en Espagne, en Suède, au Royaume-Uni, en France et en Belgique, pour présenter les arguments de la Bolivie, troisième producteur mondial de feuille de coca, en faveur d’une dépénalisation de la feuille de coca, eu égard à ses usages traditionnels dans les Andes.
Ni le président, ni le ministère par la suite, n’ont pu préciser vendredi les dates des étapes de M. Choquehuanca.
“Nous sommes en campagne pour dépénaliser la mastication de la feuille de coca, l’usage traditionnel de la feuille”, a expliqué Evo Morales à la presse à la présidence, en annonçant la tournée.
Le Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC) a entamé en 2009, à la demande de la Bolivie, un processus d’amendement de la Convention des Nations unies de 1961 sur les stupéfiants, visant à dépénaliser la feuille de coca, qui figure à ce jour sur une liste de substances illicites.
Matière première de la cocaïne, dont la Bolivie est aussi le troisième producteur mondial, la feuille de coca est également une plante mastiquée, infusée, utilisée à titre thérapeutique ou au cours de rituels dans les Andes depuis des millénaires.
M. Morales, premier président amérindien (aymara) de Bolivie, s’est fait le champion des traditions indiennes, comme la feuille de coca, dont il veut développer le commerce ou les produits dérivés (boisson gazeuse, engrais). Il a inscrit la coca dans la Constitution de 2009 comme “patrimoine culturel”.
En 2009, il avait mastiqué une feuille de coca à Vienne devant un parterre de ministres des 53 pays-membres de la Commission des stupéfiants de l’ONU.
Le président bolivien est lui-même cultivateur de coca et président d’un syndicat de producteurs de feuilles, un conflit d’intérêt inadmissible selon l’opposition.