Je ne me réjouis pas quand une personne est incarcérée, mais l’arrestation par la police du Dr Giovanni Serpelloni, l’ancien chef du département italien de lutte contre les stupéfiants, le DPA, vaut quelques commentaires. Il n’était pas seulement un ami proche de ses homologues américains qui – après la volte-face des Républicains envers le président Obama – ont essayé de se recycler dans le domaine des politiques des drogues et dans la recherche conjointe italo-américaine, qui a également été largement financée. Il voulait aussi donner aux gens une leçon venue d’Italie : « Ne plaisantez pas avec les prohibitionnistes. Nous vous surveillons ! »
La guerre aux drogues est une guerre contre les personnes, mais elle poursuit aussi d’autres buts inavoués. Par exemple, le gaspillage d’argent public dans un système favorisant d’une main l’administration civile et de l’autre les amis des politiciens.
Le Dr Serpelloni a été principalement accusé d’avoir été élu irrégulièrement comme chef de l’Unité contre les Dépendances aux Drogues, et il est soupçonné de corruption et d’enrichissement frauduleux dans une affaire de vente d’équipement informatique aux structures s’occupant des toxicomanes dans lesquelles il travaillait. Il est aussi accusé de mauvaise gestion de l’argent public pour avoir démantelé les structures de Réduction de Risques des autres courants politiques.
Apparemment son salaire n’était pas assez élevé, il a dû chercher un revenu supplémentaire dans ces mêmes activités pour lesquelles il était déjà salarié. Entre temps, comme chef de département, il a aussi créé une commission consultative composée de scientifiques américains et italiens, menés par la direcrice de la NIDA, Nora Volkow. Il a géré des millions d’euros afin de nourrir la propagande anti-cannabis, précédant et accompagnant ce qu’on appelle la « loi Fini », du nom du post- ou néo-fasciste Gianfranco Fini. Cette loi qui mettait à égalité le cannabis et l’héroine fut annulée en 2014 par la Cour constitutionnelle qui jugea le processus entier, l’adoption de la loi sans discussions parlementaires, illégal. Le fait que les juges attaquent des gens autrefois protagonistes de la guerre aux drogues n’est pas nouveau. Mais en Italie, à la différence de l’Allemagne par exemple, il y a beaucoup plus de personnes en prison pour des affaires de drogues que pour des fraudes ou des délits financiers. Ceci à cause du fonctionnement d’une « justice de classes » en Italie, mais peut-être que cette arrestation montre qu’ils sont en train de revenir à la raison.
Je répète, la prison n’est pas une solution à valoriser. Mais on peut noter que les actions et décisions de cette personne ont fait souffrir énormément de gens et qu’il ne sera probablement jamais poursuivi pour avoir bloqué le processus de paix des drogues.