BULLETIN D’ENCOD SUR LES POLITIQUES DES DROGUES EN EUROPE
DÉCEMBRE 2016
L’Italie semblait avoir avoir fait de timides pas en avant lors de l’UNGASS 2016 à New York, quand le ministre Andrea Orlando annonçait qu’il voulait envisager une forme de décriminalisation et abandonner toute démagogie en ce qui concerne la politique des drogues, optant ainsi pour les solutions qui fonctionnent.
Mais il y avait probablement aussi une part de schizophrénie concernant ce sujet dans l’ancien gouvernement de M. Matteo Renzi, en plus de sa proposition de se débarrasser de la meilleure Constitution au monde (comme l’appelait l’acteur Roberto Benigni). Le 1er août 2016, la ministre de la Santé issue des milieux de droite, Mme Béatrice Lorenzin, a interdit deux plantes universellement réputées pour leur utilité dans le combat contre le problème des abus d’opiacés qui affecte de nombreuses parties du monde États-Unis inclus, le kratom et l’iboga, un thé d’Asie du Sud-est et une plante sacrée, utilisés à la fois comme un sacrement en Afrique et pour la désintoxication de l’héroïne, des amphétamines et de la cocaïne dans des cliniques du monde entier.
Encore une fois les prohibitionnistes sont le problème, pas la solution. Et que la députée de droite Lorenzin soit reconfirmée dans le nouveau gouvernement au poste de ministre de la Santé, semble singer le choix du président US Donald Trump de nommer un Procureur général surtout très inquiet du fait que, si les membres du KKK fument du cannabis, ils risquent de négliger les lynchages. Ce gouvernement intérimaire est une mauvaise nouvelle pour tous ceux qui aspirent à des politiques sur les drogues honnêtes et efficaces après l’échec notable de l’UNGASS 2016 à New York.
Nous aimerions entendre des autocritiques de la part du Premier ministre M. Gentiloni, qui, en tant que chrétien compatissant devrait désirer des traitements plus humains et plus performants pour les usagers dépendants de drogues.
Mais les opposants à la prohibition sont également en conflit, certains d’entre eux rejetant l’ibogaïne, car elle favoriserait l’idée d’un monde sans drogues.
ENCOD existe pour promouvoir l’autonomie de tous les usagers et le développement de politiques des drogues justes et efficaces, qui incluent l’auto-production et les droits des communautés autochtones à protéger leur héritage culturel.
L’affaire de l’interdiction de l’ibogaïne par le gouvernement italien n’a pas été suffisamment contesté par des mouvements sociaux et par les anti-prohibitionnistes au sein du parlement du pays. En cela, ceux qui ne se battent pas pour des changements radicaux adoptent les règles d’hyper-exploitation des patients toxicomanes.
Non seulement le soit disant contrôles des stupéfiants est un fiasco complet en regard de la liberté de traitement mais aussi certaines ONG semblent se satisfaire de rendre la prohibition un peu plus humaine. Comme l’écrivait un philosophe célèbre, de nombreuses ONG peuvent être considérées comme les gardiens de l’Empire exactement comme les syndicats sont implicitement les vendeurs du travail humain.
Pendant ce temps aux États-Unis, l’interdiction presque simultanée du kratom a été stoppée car le tollé public a obligé la DEA à revoir sa position. De nombreuses personnes avaient découvert que l’ingrédient actif, la mitragynine, était bien plus efficace pour leurs douleurs chroniques que les opiacés, et la DEA a décidé que trop de gens l’utilisaient à domicile pour se sevrer de l’héroïne. Donc le cas du kratom démontre que les mouvements sociaux ont le pouvoir d’inverser la prohibition de l’ibogaïne et du kratom également en Italie.
Probablement à cause de l’attention des 300 députés en faveur de la régulation du cannabis non-médical, il est utile de souligner que l’ordre de Mme Lorenzi d’interdire à la fois la mitragynine et l’ibogaïne a été émis durant le même mois que la tentative de la DEA de reclassifier le kratom. (Les USA ont interdit l’ibogaïne en 1967, mais celle-ci demeure légale dans la plupart des autres pays). C’est pourquoi ENCOD et des activistes étasuniens proposeront une réunion au parlement italien pour exposer les bénéfices de l’ibogaïne, largement utilisée dans des pays voisins comme la Serbie, où de nombreux Italiens dépendants de substances comme l’héroïne, les méthamphétamines ou la cocaïne
Se rendent pour se désintoxiquer. Voir
http://www.addictiontreatmenteurope.com/drug-addiction-rehab-clinic
Le rôle des gouvernements qui se réveillent soudain en prétendant interdire des thérapies naturelles est fortement controversé, dès lors que le régime de contrôle des drogues rend les accès légitimes à des médicament presque impossible dans la plupart des pays. La croyance que les conventions des Nations Unies permettent un usage thérapeutique légitime n’est qu’un mensonge. Pensons seulement à ce qui s’est passé avec les traitements contre la douleur durant les dernières 100 années et à ce qui arriverait si la kétamine était contrôlée à l’égal du cannabis ou de l’opium dans des pays comme l’Inde, comme le demande la Chine, principal producteur de NDS.
L’ibogaïne n’entraîne pas de dépendance et a un risque zéro d’abus potentiels, à cause d’effets secondaires incluant un “mal des transports” induit par le mouvement dans sa phase aiguë. L’ibogaïne est utilisée dans le monde entier en tant que “la Rolls des cures de désintoxication”. Elle agit en éliminant la sensation de manque, en insérant un métabolite sérotoninergique agissant durablement pour combattre la dépression et en exprimant le “facteur de croissance du tissu nerveux” ou NGF, qui non seulement déclenche l’apparition de récepteurs à la dopamine mais rétro-signale aux noyaux des cellules de continuer à fabriquer du NGF même après que l’ibogaïne ait disparu de l’organisme.
Depuis plus de 30 ans les toxicomanes ont pris des “doses de choc” d’un gramme ou plus, de façon à ressentir les bénéfices cognitifs d’un état proche du sommeil paradoxal durant cette première phase de l’expérience de l’ibogaïne, la plus intense. Mais chez un très petit nombre de cas, cette “dose de choc“ a causé une bradycardie (ralentissement du coeur dangereux), un syndrome transitoire qui peut être géré avec de l’adrénaline et de l’oxygène. C’est pour cela que l’ibogaïne doit être donnée sous supervision médicale -une considération qui en rend la prohibition extrêmement problématique, car aucun médecin ne voudra participer à l’administration d’une substance illégale.
Récemment, il a été démontré que de très petites doses d’ibogaïne, entre 8 et 16mg par jour, – bien trop peu pour produire un effet psychédélique – inversent la neuro-dégénération liée à la maladie de Parkinson. Et l’ICEERS est sur le point de publier un protocole de microdosage, utilisé avec succès pour sevrer une personne de la méthadone. Donc il n’est pas nécessaire d’employer des doses-chocs, même si cela pourrait s’avérer préférable dans de nombreux cas. Le but des partisans de la prohibition est clairement de favoriser l’usage exclusif de médicaments d’entretien tels que la méthadone et en particulier la suboxone. Cette nouvelle préparation de la NIDA, contenant principalement de la buprénorphine et juste assez de naloxone pour la rendre impossible à injecter, est conçue pour maintenir les toxicomanes dépendants à vie d’un produit qui ne leur procure absolument aucun plaisir opiacé.
L’annonce officielle du ministère de la Santé cite dans certains cas les conditions défavorables ou le fait que ces substances n’ont pas été étudiées. (L’ibogaïne figure parmi les substances les plus étudiées au monde, avec des résultats d’études disponibles concernant l’héroïne et la cocaïne/l’alcool (Brésil), malgré le fait qu’aucune étude à grande échelle n’ait été réalisée à cause de la résistance des partisans des thérapies agonistes). En ce qui concerne le kratom, il cite un seul cas d’intoxication probable. Pour l’iboga, seulement que la police militaire à Bolzano (Sud Tyrol) a interrompu un “curandero” (guérisseur) soignant des toxicomanes avec de l’écorce de racines d’iboga associée au Kambo (venin de crapaud); et qu’ils on trouvé des métaux lourds dans l’écorce des racines. A l’évidence une interdiction totale garantira que l’ibogaïne de qualité pharmaceutique ne soit jamais disponible, et que les médecins ne puissent pas être présents pour l’administrer. Nous appelons les anti-prohibitionnistes à soustraire quelques minutes de leur combat pour le cannabis pour lutter contre ce fascisme dissimulé en exposant intégralement l’affaire au Parlement italien.
par Enrico Fletzer & Dana Beal