Source: La Prensa
Le 12 mars 2009
Le président Evo Morales a réclamé hier, à Vienne, à l’Organisation des Nations Unies (ONU) la légalisation de la coca et pour démontrer que sa consommation n’est pas nocive pour la santé, il a mâché une feuille. Cette action a généré des applaudissements chez les participants. En Bolivie la gestion du Président est soutenue, mais il est rappelé qu’il y a une augmentation de la production de cocaïne.
“ La mastication c’est ça ” a-t-il dit, tandis qu’il portait à sa bouche une feuille de coca, elle ne fait de mal à personne. Non ce n’est pas parce que je mâche que je suis dépendent. Ainsi donc, Monsieur Costa (le responsable antidrogue de l’ONU, présent sur le podium) devrait me mettre en prison”.“
Le Chef d’État a créé la discussion dans la séance plénière de l’Assemblée Internationale de Contrôle de Stupéfiants (JIFE), de l’ONU, qui a réuni ce mercredi dans la capitale autrichienne des délégués de 53 pays membres.
“C’est une feuille de coca”, a fait remarquer Morales, “ce n’est pas de la cocaïne, ça fait partie d’une culture. Il n’est pas possible qu’elle soit dans la liste de stupéfiants de Nations Unies (…). Je suis producteur de cette feuille de coca. Non ce n’est pas parce que je suis producteur que je suis narcotrafiquant”.
L’argumentation du Président a été applaudie, selon l’agence Efe, par plusieurs délégations présentes.
Sur le même ton, Evo Morales a expliqué qu’il est venu à Vienne pour demander la légalisation de la coca et que soit sanctionné la consommation de la pâte de base de cocaïne.
Il a réitéré : “J’ai intensément consommé pendant dix ans la feuille de coca quand je travaillais dans l’agriculture et je ne me sens pas sous-alimenté, et j’ai 50 ans ”.
Cette défense inhabituelle a seulement un précédent de la part de l’ex-président Jaime Paz Zamora (1989-1993), qui avait alors demandé aux fonctionnaires de l’état qu’ils portent sur le revers une réplique de la feuille pour défendre sa légalité.
Les ex-chanceliers Armando Mariaca (la gestion d’Eduardo Rodríguez Veltzé) et Javier Murillo (Hugo Banzer) ont loué la politique directe de Morales, mais ils ont coïncidé dans la nécessité de ne pas arrêter la lutte contre la production de cocaïne.
Le député Arturo Murillo (UN) et le sénateur “podemista” (ndlt:de “podemos”:nous pouvons) et Luis Vásquez ont parlé d’un changement positif dans la défense de la feuille de coca; cependant, ils ont critiqué les plans antidrogues du Gouvernement.
Interdiction et autres mesures
En 1961, la convention de stupéfiants de l’ONU a inclus la feuille de coca dans la liste de substances contrôlées décidée à en finir avec son usage traditionnel depuis 25 ans.
Avec cet objectif, lors de la décennie passée des instances de l’ONU comme de la JIFE réclament l’interdiction de la mastication de la feuille de coca aux pays andins. La convention a approuvé mardi la stratégie internationale sur les drogues pour la décennie suivante, le document a été approuvé à la majorité, bien qu’avec des différences entre l’Union Européenne et les États-Unis , par les 53 représentations.
La stratégie, qui n’est pas inaliénable, sera adoptée aujourd’hui. Elle souligne la nécessité de continuer la politique de réduction de cultures de coca et de cannabis remplacées par des plantations alternatives. De plus elle montre le souci de l’ONU pour la violence croissante générée par les groupes de trafic de stupéfiants qui dans des nations comme le Mexique provoque des dizaines de morts par an.
L’organe mondial maintient, cependant, son intérêt de continuer le dialogue avec les pays comme la Bolivie pour réduire les cultures de coca.
Au mois de février de cette année, le Département d’État des États-Unis a remarqué que la surface de plantations en Bolivie a augmenté jusqu’à 28.900 hectares, quand la Loi 1008 (des substances contrôlées) permet seulement 12.000 hectares. Il a informé, de plus, que la capacité de production de cocaïne s’est élevée de 100 tonnes en 2003 à 120 tonnes en 2008.
Morales espère le soutien de Barack Obama
Le président Evo Morales a exprimé hier à Vienne son espoir envers son homologue américain, Barack Obama, pour qu’il change la politique antidrogue de ce pays et contribue à la campagne bolivienne de légalisation de la feuille de coca.
Selon le journal “Prensa Latina”, dans une conférence avec les journalistes dans la Salle de Presse de la Concorde, proche du Palais de l’Autriche, le Président Morales a exprimé : “Maintenant nous avons l’espoir qu’Obama change l’actuelle politique de diabolisation de la culture millénaire ”.
La Bolivie et les EU maintiennent dès 2006 une relation tendue qui avait atteint son point culminant lors de l’expulsion de l’ambassadeur des Etats-Unis Philip Goldberg , en septembre de l’année passée, que le Chef d’État avait accusé de chapeauter un coup d’état ” civique – préfectoral ” en coordination avec les hautes autorités et des comités civiques des régions opposées.
Ce mois-ci, l’Agence des États-Unis pour le Développement (USAID) a cessé ses activités dans le Chapare, pour la même accusation, tandis que l’Agence Antidrogue (DEA) a quitté la Bolivie en novembre.
Washington a remarqué le mois dernier que la Bolivie avait augmenté sa capacité de production de cocaïne à 120 tonnes et disait être disposé à collaborer à la lutte antidrogue.
Morales a répété à Vienne que son administration n’arrêtera pas de combattre le trafic illicite de narcotiques et il a éclairci qu’ “il n’y aura pas de culture libre de coca, mais pas non plus de coca-zéro”, comme le demandent les Etats-Unis.