Source: h24info.ma
8 juin 2013
Selon un décret paru au Journal officiel vendredi 7 juin, le gouvernement français a autorisé l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) à examiner les demandes de mise sur le marché de médicaments à base de cannabis.
Le texte entre en vigueur dès ce samedi 8 juin. «Dorénavant nous allons pouvoir étudier les dossiers des laboratoires qui souhaiteraient commercialiser en France des médicaments avec des dérivés cannabitiques», confirme l’ANSM, interrogée par le site d’information Street Press.
Sativex, etc.
En février dernier, déjà, la ministre de la Santé française, Marisol Touraine, avait fait polémique en se prononçant en faveur de la légalisation du Sativex, un spray buccal à base de dérivés du cannabis, produit déjà disponible dans plusieurs pays de l’Union européenne.
Dès aujourd’hui 8 juin, donc, ces médicaments qui se présenteront sous forme de gélules, d’infusions ou d’inhalation, devraient être autorisés dans les pharmacies et délivrés uniquement sur prescription médicale. Toutefois, fumer du cannabis ou du haschich reste toujours totalement interdit.
Une opportunité à saisir !
Pour Chakib Al Khiyari, président de l’Association Rif des droits humains (ARDH) et auteur d’un projet de loi pour légaliser le cannabis, la nouvelle législation française est indubitablement une opportunité à saisir pour le Maroc. Et ce, à plusieurs niveaux. Sur le marché intérieur, comme à l’international.
Première remarque : c’est une bonne nouvelle potentielle pour le « marché intérieur » et les malades marocains. « La législation marocaine suit très souvent, dans le domaine de la santé, la législation française » commente le militant qui ajoute « surtout que la France est le leader dans la lutte contre le cannabis en Europe, son changement d’attitude est donc très significatif ».
Mais Chakib Al Khiyari nous met en garde, il ne faut pas tarder à faire évoluer nos lois « si le Maroc ne suit pas ses traces [de la France], elle va rester à la traîne, et d’autres pays saisiront cette opportunité. »
Car pour l’instant, si le Maroc est le premier « fournisseur » de produits dérivés du cannabis de l’Europe (80% des usagers consomment « marocain ») et l’un des premiers exportateurs dans le reste du monde (40% des usagers consomment « marocain »), cela reste un commerce illégal, de contrebande, qui favorise surtout les mafias et peu le Maroc.
Chakib Al Khiyari est donc catégorique : « si le Maroc n’oriente pas sa production vers l’industrie thérapeutique et médicale, d’autres pays vont le remplacer. »
Une tendance mondiale
En légalisant les médicaments à base de cannabis, la France rejoint une longue liste de pays, tels que le Canada, l’Australie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni ou encore l’Espagne et l’Allemagne. Le dernier rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants encourage d’ailleurs les états à mettre en place une législation encadrant l’usage médicinal des drogues en général (et du cannabis en particulier) afin d’éviter les abus et les problèmes d’automédication.
Pour le moment, le cannabis utilisé dans les préparations pharmaceutiques au Canada, en Suisse et dans les pays qui les autorisent est cultivé sur place, nous apprend Al Khiyari. Le Maroc en général, et ses agriculteurs en particulier, ne profitent donc pas de ce secteur en plein essor. Et pourtant, « le cannabis marocain est de bien meilleure qualité » commente le militant rifain.
Des propriétés thérapeutiques indéniables
Pour rappel, de nombreux médecins militent depuis longtemps pour la légalisation des médicaments à base de cannabis, notamment pour soigner ou atténuer les souffrances des patients atteints de maladies graves, sclérose en plaques (SEP), cancer ou sida… et qui souffrent d’insupportables douleurs. Ces médicaments sont conseillés pour réduire les nausées et les vomissements des patients sous chimiothérapie ou redonner un peu d’appétit aux malades atteints du VIH. Ils ont aussi des propriétés relaxantes, et peuvent être une alternative aux somnifères, antidépresseurs et anti-inflammatoires.
Au Maroc, ces derniers doivent soit se procurer ces médicaments dans des pays étrangers, soit se procurer des dérivés « locaux » illégalement.