Source: El Deber
25 juin 2011
La Bolivie défendra toujours et dans tous les forums internationaux, la culture et l’identité nationales auxquelles appartient la pratique ancestrale de l’acullicu (mastication de la coca), a affirmé le président Evo Morales Ayma.
Durant la célébration de l’anniversaire de la province de Carrasco, du département de Cochabamba, Morales a indiqué que le Gouvernement “n’a pas porté plainte contre la Convention de Vienne de Lutte contre les Drogues”, devant les critiques de l’opposition.
Le Chef d’Etat a expliqué qu’il a été demandé à l’Assemblée Législative Plurinationale (ALP) que soit déposé une plainte contre la Convention sur les Stupéfiants approuvée en 1961 à New-York.
La Chambre des députés a approuvé récemment une loi proposée par l’Exécutif pour dénoncer la Convention sur les Stupéfiants de 1961 qui inscrit la coca dans la liste des stupéfiants et n’a pas dépénalisé l’usage de la mastication de la feuille.
“Cette Convention fut approuvée aux Etats-Unis dans l’intention d’interdire le “pijcheo ou acullicu comme on l’appelle en Bolivie, le chajcheo au Pérou, ou le mambeo en Colombie”.
Le Mandataire a signalé que dans le passé aucun gouvernement n’a assumé la défense des traditions culturelles du peuple bolivien, c’est donc une obligation de le faire maintenant face à la communauté internationale.
“Il est prouvé que l’acullicu ou la mastication de la coca ne cause aucun dommage à la santé et, au contraire, elle a des propriétés médicinales”, a-t-il indiqué.
Diverses études ont montré que la coca dans son état naturel a des propriétés médicinales et n’est pas un stupéfiant, elle ne doit donc pas être inscrite sur la liste des drogues.
Le président regrette que quelques personnes aient pu faire des déclarations confuses sur le sujet sans savoir de quoi il s’agit. La Bolivie ne dénonce pas la Convention de Vienne, mais celle qui interdit la pratique millénaire de mastication de la coca.
Le Mandataire a affirmé que cette plainte contre la Convention sur les Stupéfiants de 1961 ” sert à défendre l’acullicu ou le pijcheo en Bolivie et dans les pays qui ont conservé la pratique de cette tradition ancestrale”.
L’article 384 de la Constitution Politique de la Bolivie stipule que l’Etat protège la coca locale et ancestrale comme patrimoine culturel naturel et renouvelable de la biodiversité de la Bolivie, ainsi qu’en tant que facteur de cohésion sociale.
Morales a signalé qu’il est regrettable que des anciens fonctionnaires de la Chancellerie et quelques politiciens aient pu troubler la population avec des propositions négatives pour l’identité et la culture nationales.
Il a souligné que la Bolivie n’est pas la seule à porter plainte puisqu’elle est soutenue par l’Union des Nations Sud-Américaines ( UNASUR) pour que les organismes internationaux respectent les identités et les cultures nationales.
L’ambassadeur de Bolivie à l’ONU, Pablo Solon, a signalé vendredi que la plainte sera déposée le 1er juillet, dès lors qu’elle est approuvée par le Sénat, suivant le processus en vigueur dans cet organisme.
A son tour, le ministre Carlos Romero, a relativisé le risque pour la Bolivie d’être isolée ou sanctionnée à la suite de cette décision. Il a signalé que la Bolivie assume largement ses responsabilités dans la lutte contre le narcotrafic pour avoir frapper durement des organisations de malfaiteurs, pour avoir réduit les plantations illégales de coca et pour avoir implanté une politique de prévention pour les consommateurs.
Le député du parti gouvernemental “Movimiento Al Socialismo” (MAS), Lucio Marca, s’est exprimé en disant que la Bolivie ne se retire pas de la Convention Unique des Nations Unies sur les Stupéfiants de 1961, révisée par le protocole de 1972, mais dénonce la contradiction concernant la mastication de la feuille de coca.
Il a assuré que l’article 46 de la Convention stipule que quelque pays que se soit peut porter plainte par écrit avant le 1er juillet de chaque année pour qu’elle puisse prendre effet six mois plus tard.
“L’Exécutif a décidé de porter plainte contre cette convention, qui prendra effet à partir du premier janvier mais durant ces six mois l’Etat bolivien continuera à faire partie et à appliquer toutes les conventions, il ne se retire à aucun moment, au contraire il s’engage à respecter toutes les conventions” a-t-il dit.
ABI